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Réhabilitation de l'Abbé Fulbert YOULOU, Premier Président du Congo, fondateur de l'UDDIA, Premier Maire de Brazzaville, Premier Ministre du Congo (Pr EFL, E.-F. LOUBELO)

Le premier président de la République du Congo : Le remords 32 ans après !

28 Mai 2009 , Rédigé par Dr LOUBELO Eugène Fernand Publié dans #Economie

In memoriam

Le président Fulbert Youlou toujours présent parmi nous 


Le 5 mai 2009, nous avons commémoré le 32ème anniversaire de la disparition de l’abbé Fulbert Youlou, premier président de la République du Congo. Pour la circonstance, une modeste cérémonie, essentiellement une messe, a été organisée à Madibou, par la famille du regretté président de la République. Dans l’assistance, outre la famille et les voisins, l’on reconnaissait les anciens ministres Aimé Matsika, Bonaventure Mbaya et la famille Opangault, représentée par deux de ses fils. La messe a été célébrée par l’abbé Sébastien Zoubakela, le curé de la paroisse de Madibou et son vicaire.

Fulbert Youlou

Dans son homélie, l’abbé Zoubakéla a, essentiellement, insisté sur les points  suivants :
- la vie et la mémoire du défunt président congolais ;
- la lutte contre l’oubli ;
- l’environnement politique congolais en 2009, dont l’épicentre sera les élections présidentielles au mois de juillet.

L’homélie du célébrant nous a invité à cogiter sur cette étape de la brève mais  combien tumultueuse vie de notre pays et deux faits imminents nous font réfléchir  sur l’héritage politique de l’abbé président :
- les prochaines échéances électorales;
- l’érection de la statue du président Youlou et de celle de son vice-président, mais  non moins adversaire politique, Opangault Jacques.

L’élection présidentielle, dans notre pays, prévue le 12 juillet prochain, fait ressurgir, dans le fort-intérieur des Congolais, leur vécu quotidien, tel que chacun le ressent, et réveille leur imaginaire dans lequel ils projettent leur avenir, celui de leurs enfants et  de la nation entière. Ces différents ressentiments s’expliquent par le fait que, par  leur choix, ils vont désigner ceux qui auront en charge la gestion de la nation entière,  pendant plusieurs années.

En nous recentrant dans l’espace et surtout le temps, il ressort que le Congo soufflera ses cinquante bougies en 2010 et ce sera l’occasion de mesurer le chemin parcouru, loin des passions et autres discours partisans, en plaçant notre conscience individuelle et collective comme devant un miroir qui ne déformerait pas la vérité.
Aussi, de manière synthétique, l’on peut affirmer que le destin de notre pays n’en demeure pas moins tragique, car de manière cyclique, il a été marqué par des secousses violentes et depuis 1959, la courbe de ces violences est allée crescendo. Ces évènements qui ont pour ferment les changements politiques, particulièrement les élections, pourtant nécessaires dans l’évolution sociale de tous les pays, ont été accompagnés de plus en plus de violences excessives.


Le personnage de l’abbé Fulbert Youlou est, certes, lié, avec celui de son vice-président, Jacques Opangault, aux évènements douloureux de février 1959, qui  firent basculer la majorité du second en faveur du premier cité. Des émeutes eurent lieu pendant trois jours et tout de suite, les deux adversaires politiques durent  trouver une solution de compromis, en taisant leurs intérêts personnels, afin  d’épargner  aux  Congolais un bain de sang. La paix retrouvée, le gouvernement  d’union nationale formé, les contradictions et les déchirements n’avaient pas pour  autant cessé entre les deux camps, mais l’essentiel était fait de sorte que de nouvelles violences soient évitées. La persistance des désaccords fit que le vice-président Jacques Opangault donna sa démission et se retira librement à Boundji, son village natal, en 1962 pendant près d’un an.

Le président Youlou obtint son retour au gouvernement au début de l’année 1963, jusqu’au mois d’août de la même année, qui vit arriver les évènements qui balayèrent toute la classe politique ayant conduit le Congo à l’indépendance. Il s’en suivit l’exil pour lui jusqu’à la mort, en mai 1973, et la prison puis la libération pour les Opangault  Jacques, Tchitchelle Stéphane, Okomba Faustin, Ambily-Letembet, etc. Ainsi exit le  président Youlou et sa classe de la politique au Congo.

Depuis près de trois ans, le gouvernement congolais a passé une commande auprès  d’une société nord-coréenne, pour la réalisation de plusieurs monuments liés à  l’histoire de notre pays. Parmi les monuments à réaliser, figurent les statues du  président  Youlou Fulbert  et son vice-président Opangault Jacques. Cet acte  louable vient combler un vide incompréhensible dans l’histoire de notre  pays, rétablir la  mémoire  de  ces  deux  pères fondateurs, entre  autres, de notre pays, renforcer  les repères historiques collectifs d’une nation congolaise encore hélas balbutiante, voire titubante.

Un fait ne doit échapper à personne, dans tout ce processus que nous qualifierons de  «refondateur»: l’érection de la statue du président Youlou Fulbert  dont la personne avait été honnie, voire diabolisée par une frange de la classe politique congolaise dite «révolutionnaire», prouve que sa mémoire demeure bien présente et a résisté  au temps, à l’oubli ainsi qu’à certaines contre vérités. Pour tous les Congolais, il sera, désormais, clair que Fulbert Youlou est celui qui, ensemble avec sa classe politique et leurs contradictions internes plutôt résolues ont porté l’Etat congolais aux fonts baptismaux et qu’il était bel et bien le premier président de tous les Congolais, du  Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, sans contestation aucune. L’on conviendra avec moi que ce fait historique est trop important pour qu’il soit banalisé ou réduit à un quelconque fait  divers dans la vie de notre nation.


Lors de la modeste cérémonie religieuse organisée ce 5 mai 2009 à Madibou, l’ancien ministre Aimé Matsika, connu comme l’un des animateurs du mouvement  qui était à l’origine de la chute de l’abbé Youlou, a pris la parole pour décrire ses  relations, avec ce dernier; sans rien renier de son rôle actif dans les évènements de  1963, il  a,  également,  souligné le respect et l’affection réciproques qui les liaient  l’un à l’autre. Selon lui, leurs relations avaient été conservées jusques dans son exil  madrilène et les conflits politiques n’avaient pas totalement rompu les liens nécessaires entre frères, compatriotes.

Que pouvons-nous retenir, aujourd’hui, de l’héritage politique du président Youlou et de la  classe  politique  de  la  période  de  l’indépendance?


D’abord, que  la violence peut faire irruption dans chaque société, mais si l’on ne peut toujours l’éviter, il faut, néanmoins, la contenir et empêcher qu’elle ne perdure, avec son cortège de malheurs et de victimes innocentes. Par ailleurs, la résolution des problèmes politiques ne devrait engendrer d’autres frustrations, terreau favorable à d’autres violences sociales à venir.

Ensuite, cette violence politique dans notre pays doit être prévenue, combattue, tant  par les intellectuels que la classe politique qui, elle, doit rougir du fait que deux  anciens chefs d’Etat ne soient pas morts de mort naturelle et que plusieurs d’entre  eux aient connu la douleur de l’exil.


Enfin, que la classe politique congolaise, les  intellectuels, la société civile, doivent aider le peuple congolais à panser ses plaies, aider à construire une nation forte, harmonieuse, basée sur le mérite et la justice sociale, en ce 21ème siècle, dans le cadre d’une compétition saine avec les autres pays et cela pour le bien-être du  peuple congolais tout entier.

Que  la  paix  éternelle  règne  désormais  sur  le  peuple  Congolais.

Emile OPANGAULT 
Fils  du  Vice-président de la République Jacques OPANGAULT

Plus de lecture sur le président Youlou, cliquez ici

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